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Dignité de Sans Voix/ Congo-asbl
18 janvier 2010

Divergence sur l’évolution des violences sexuelles au Maniema

KINDU - «Maniema est l’une de provinces de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) où, depuis 1998, on dénombre, chaque mois, plus ou moins 50 cas des violences sexuelles commises en toute impunité», rapportent les Nations Unies.

Selon cette organisation, des jeunes filles font partie des victimes de ces violences commises par des hommes en uniforme, des chefs miliciens et des groupes de bandits plus ou moins bien organisés.

Pourtant, parlant à IPS, Marie Kapoli Alangi, ministre provinciale en charge de la Justice, des Droits de l’homme, de l’Ordre publique et de la Fonction publique du Maniema, déclare que depuis deux ans, le gouvernement provincial note une baisse sensible des violences sexuelles. «De temps en temps, les chiffres avancés par certains défenseurs des droits de l’homme sont fantaisistes», dénonce-t-elle.

«Le gouvernement provincial a renforcé les capacités de la population de la province à dénoncer tous les cas de violences sexuelles portés à sa connaissance. La crainte de la dénonciation de la part des criminels a contribué à la diminution de ces violences », explique la ministre. «Le gouvernement a vulgarisé la loi sur les violences sexuelles et convié la population à identifier, y compris par des dépositions anonymes, des criminels déjà connus dans les quartiers. Des procès contre certaines personnes accusées de violences sexuelles ont été organisés et les condamnations des accusés ont aussi servi de pédagogie pour les autres criminels.»

La société civile n’est pas de cet avis. «Quelques accusés ont certes été condamnés, mais la plupart d’entre eux se sont évadés, réduisant à néant l’effort de lutte contre l’impunité et renforçant même l’impunité des violences sexuelles», réagit Michel Shakodi, président de la société civile du Maniema. «Au Maniema», poursuit-il, «la prison n’est pas sécurisée et les magistrats sont peu motivés à faire leur travail, notamment à cause du manque des moyens logistiques et de la modicité de leurs salaires».

Germain Musombo, défenseur des droits de l’homme au sein de l’ONG ‘MALI’ (Maniema Libertés), renchérit : «Lorsque la ministre parle de diminution des cas de violences sexuelles, elle ne se réfère qu’à la seule ville de Kindu, mieux dotée en infrastructures sécuritaires par rapport au reste de la province». Dans le reste de la province, déclare Musombo à IPS, «la population continue à souffrir des actes de banditisme, devant le mutisme total des autorités provinciales».

«Le fait que toutes les infrastructures sécuritaires de la province soient installées dans la seule ville de Kindu a augmenté les violences et le banditisme dans les villages où on parcourt des kilomètres sans rencontrer un seul agent de police», explique Emile Asani, Coordonateur de la ‘Synergie provinciale de lutte contre les violences sexuelles au Maniema’, une structure mise en place dans chaque province à l’initiative du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA).

Asani avance quelques chiffres : «Pour la seule année 2009, la Synergie a dénombré 702 cas de violences sexuelles. Ce qui ramène la moyenne mensuelle à 58,5 cas, dont 70 pour cent sont constitués des viols sur des filles mineures âgées d’entre 13 et 16 ans».

Tout comme la société civile, la population ne semble pas être du même avis que la ministre Kapoli Alangi. «Les jeunes filles sont sexuellement exploitées dans les zones minières sans que cela attire l’attention de l’autorité. Elles viennent se prostituer dans les zones minières et il n’existe pas d’éléments de police ici pour réprimer ni empêcher cela», s’indigne Safi Manara, une quinquagénaire, habitante de Lubutu, non loin d’une zone d’extraction minière. «Lorsque la ministre affirme qu’il y a diminution des cas de violences sexuelles au Maniema, elle ne fait certainement pas allusion aux zones minières», raconte-t-elle à IPS, expliquant que chaque jour, les exploitants artisanaux, devenus quasi intouchables à cause de leur richesse, abusent de très petites filles.

«Il y a aussi des abus causés en dehors des zones minières par des exploitants qui reviennent de temps en temps rendre visite à leurs familles. Et plusieurs parents observent impuissants ce phénomène», affirme une dame de Kindu qui a requis l’anonymat. Sa fille de 14 ans vient d’être engrossée par un exploitant artisanal de 48 ans revenant de Lubutu. «J’ai soumis le problème à un membre de la société civile qui, après quelques démarches, m’a dit que cet homme sera poursuivi en justice.»

«Certes, il y a encore des zones d’impunité en raison de leur difficile accès, mais il ne faut pas réduire à zéro les efforts fournis par le gouvernement provincial pour sévir contre les auteurs des violences sexuelles», relativise la ministre Kapoli Alangi, expliquant que c’est pour la première fois que des autorités établies depuis 1998, ont le courage d’associer la population à la lutte contre l’impunité des violences sexuelles. (FIN/2010)

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