Les assassinats continuent au Nord Kivu
L'axe
Beni-Butembo est devenu un grand boucher, un abattoir pour une partie
de Congolais qui ont choisi de s'y installer. Sept assassinats pour le
seul mois de juillet dans la ville de Butembo. Il n'y a de quoi ameuter
Kinshasa ? Malheureusement, le gouvernement central ne s'en émeut pas.
Pas de communiqué officiel à ce sujet ni de déclaration y afférente.
Comme si les morts de l'axe Beni-Butembo ne comptaient pas sur plus de
60 millions d'habitants de la RDC.
L'impressionnant déploiement des troupes des Forces armées de la RDC
(Fardc) au Nord-Kivu a toujours eu pour prétexte la traque des éléments
incontrôlés des FDLR et des ADF-Nalu. Mais, à côté de la partie
officielle de cette affaire, la présence massive des éléments des Fardc
crée des dommages collatéraux.
En effet, depuis quelque temps, l'insécurité bat son plein sur l'axe
Beni-Butembo. Pas un seul jour ne passe sans qu'on enregistre soit des
actes d'extorsion soit, au pire, un assassinat. Et, dans la plupart des
cas, les bourreaux se recrutent dans le rang des Fardc pour autant,
selon divers témoins, les assaillants s'habillent souvent en tenue
officielle des troupes de l'armée nationale.
La dernière victime de la barbarie qui terrorise le Nord-est ce
commerçant de renom, Kambale Kisonia, mieux connu à Butembo sous le
pseudonyme de " Mokolo diamant ". L'homme a été abattu chez lui à la
maison dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 juillet 2010. Ce qui
porte à sept le nombre d’assassinats déjà recensés dans cette ville.
Kambale Kisonia n'avait commis pour seul crime que le fait de s'être
fait remarquer dans la ville à cause de sa " grande fortune ". Vendeur
de véhicules d'occasion, il roulait dans l'une des voitures les plus
luxueuses de la ville, témoignent les habitants de cette ville. Il était
aussi patron d'une maison de vente de pièces détachées de grande
renommée.
A cause de sa grosse fortune, on l'avait alors surnommé " Mokolo Diamant
". Il est mort à 43 ans. Il ne connaîtra jamais les raisons pour
lesquelles il a été abattu. Sa famille, non plus. Mais, ces assassins
courent encore la rue et continuent à semer la terreur - sous les
regards impuissants - et, peut-être complices - des troupes des Fardc,
qui, jour et nuit, quadrillent la ville sans toutefois neutraliser ceux
qui sèment la terreur.
Kambale Kisonia est la 7ème victime à Butembo de ceux qui ont juré de
faire du Nord-Kivu une province-abattoir. Il y en a eu d'autres dans
divers coins du Nord-Kivu. Et, il y en aura certainement plus. Tant que
Kinshasa se montrera indifférent, comme c'est le cas, sur le drame qui
s'abat sur le Nord-Kivu.
Pourquoi cette indifférence ?
Aussi, pensait-il que la communauté Nande, réputée grand commerçant et
détenteur d'un pouvoir économique, soit pointée comme étant la
principale cible dans cette macabre entreprise. Au fur et à mesure
qu'évolue la situation sur le terrain, les prédictions, pessimistes,
certes, trouvent de plus en plus leur justification.
Il y a certainement un plan machiavélique qui est mis en place pour
exterminer une catégorie de la population du Nord-Kivu. Tout au moins,
la partie utile de la province. Ce n'est donc pas un fait du hasard
lorsque la plupart des victimes d'actes de barbarie commis dans la
province se comptent dans les rangs des opérateurs économiques.
Mais, le plus révoltant dans la barbarie qui continue à endeuiller le
Nord-Kivu est ce silence inquiétant non seulement du gouvernement
central, basé à Kinshasa, mais aussi des autorités provinciales du
Nord-Kivu. Plus près des lieux où se commettent ces crimes, notamment à
Goma, aucune voix ne s'est jusque-là élevée pour condamner ou tenter de
donner une quelconque explication à ces tueries. Comme si les priorités
des autorités provinciales étaient ailleurs que la sécurité des biens et
des personnes.
Et, plus loin, à Kinshasa, siège des institutions nationales, le calme
s'est ancré au niveau de l'Exécutif. Si bien que même le très bouillant
ministre de la Communication et des Médias, qui ne rate pas des
occasions de s'exprimer, se montre aphone sur le sujet. Bien des raisons
pour s'inquiéter. Il y a certainement un voile qui se cache derrière le
drame qui sévit dans le Nord-Kivu.
De toute façon, " quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finit
toujours par poindre ", dit un vieil adage. Dans tous les cas, une chose
est vraie : il y aura un moment où les langues finiront pas de délier.
Toujours est-il qu'à Goma comme à Kinshasa, l'on prend encore son temps.
En attendant, sans doute, que le bilan s'alourdisse pour qu'enfin l'on
crie à une extermination de la population congolaise.