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Dignité de Sans Voix/ Congo-asbl
26 juillet 2010

Qui a commandité l’assassinat de Floribert Chebeya?

chebeyaPrès de soixante jours après la mort violente du directeur exécutif de «La Voix des Sans Voix», aucun suspect n’a été inculpé à ce jour. Les investigations se déroulent dans une totale opacité. Plusieurs policiers ont pourtant été arrêtés dès le 4 juin avant de passer aux aveux en incriminant le colonel Daniel Mukalay. Celui-ci a, à son tour, avoué n’avoir fait qu’exécuter l’ordre reçu du général John Numbi. Il semble qu’un procès serait en préparation. Reste que les enquêteurs de l’Auditorat militaire butent à une question cruciale: Qui a commandité l’assassinat de Floribert Chebeya? Avant sa «disparition» au cours du week-end du 26 juin - «quelque part» en Ouganda - où il avait trouvé refuge, le commissaire adjoint Amisi Mugangu, alias «Maike Kilo», a été formel : «Je fais partie des policiers qui ont exécuté Chebeya. Nous l’avons tué par «étouffement» en lui privant d’oxygène. Nous étions en service commandé». Selon lui, c’est le colonel Daniel Mukalayi «qui nous avait donné cet ordre qu’il avait reçu de l’IG John Numbi. John Numbi avait reçu cette instruction de la «haute hiérarchie». Retour sur quelques éléments de ce puzzle criminel.

Rendez-vous fatal

Qu’est devenu le commissaire adjoint Amisi Mugangu, alias «Maike Kilo»? Cet homme est sans aucun doute un témoin crucial dans le processus d’élimination physique de Floribert Chebeya autant que de la disparition du chauffeur Fidèle Bazana Edadi. Amisi a-t-il été appréhendé par les autorités ougandaises à la frontière kenyane? A-t-il été simplement «rattrapé» par des nervis à la solde de la Présidence de la République et ramené à Kinshasa? Durant son bref exil en Ouganda, ce «flic» en rupture de bans, très proche du colonel Daniel Mukalay, se disait «en danger». Au motif qu’il en savait trop. «Je détiens des secrets d’Etat», répétait-il. Selon des sources en Afrique de l’Est, le conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité, Pierre Lumbi Okongo, aurait dépêché quelques hommes au pays de Yoweri Museveni. Objectif : retrouver «Maike Kilo». Il semble bien que celui-ci soit le fameux «Michel» qui avait téléphoné à Floribert Chebeya pour lui fixer le rendez-vous fatal ce lundi 1er juin avec l’inspecteur divisionnaire en chef de la police nationale, John Numbi.

Le mercredi 2 juin, Madame Chebeya qui ignorait encore le sort de son mari a fait cette déclaration à Radio Okapi : «C’était hier vers 17 heures, mon mari m’a appelé pour me dire qu’il avait rendez-vous à l’Inspection générale de la police nationale. Le général Numbi devait le recevoir vers 17 heures 30. Il m’a appelé, nous avons parlé au téléphone. Après quelques temps, il m’a envoyé un SMS pour confirmer qu’on allait le recevoir vers 17 heures 30. Comme je n’étais pas tranquille, je lui ai envoyé un SMS pour savoir s’il a été reçu. Il a répondu à mon SMS affirmant qu’il n’a pas pu rencontrer l’IG et qu’il faisait maintenant un détour à l’UPN. Je sais que mon mari ne fait pas comme ça et n’avait pas un programme pour se rendre à l’UPN». Des sources policières ont confirmé le rendez-vous Numbi-Chebeya. Personne n’a plus revu le directeur exécutif de la «VSV». Il en est de même du chauffeur Fidèle Bazana Edadi. Le corps sans vie de «Floribert» est retrouvé, le même mercredi sur la banquette arrière de sa voiture. Le défenseur des droits de l’Homme avait les mains entravées par des menottes. Les «premières constatations» faites par des policiers et non des magistrats du parquet indiquent la présence des préservatifs, des mèches, de faux ongles et du Viagra éparpillés dans la voiture du défunt.

L’assassin revient sur le lieu du crime

Le même jour de la découverte de la dépouille de Chebeya, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité – et non le Premier ministre – publie «en catastrophe» un communiqué au nom du gouvernement. La rapidité de la réaction sent une panique certaine de la part des gouvernants réputés pour leur peu d’intérêt pour la communication. «Le gouvernement de la République Démocratique du Congo, dit le communiqué, porte à la connaissance de l’opinion nationale la mort, dans la nuit du 1er au 02 juin 2010 et dans les circonstances non encore élucidées, de Monsieur Floribert Chebeya Bahizire, président de l’ONG la voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme.» Le communiqué de souligner qu’«à ce stade, aucune piste n’est privilégiée, et le gouvernement exprime ses regrets et ordonne à tous les services, de sécurité et de renseignement, de mener, sans désemparer, des enquêtes, en vue de déterminer les circonstances exactes de cette mort.» «Le gouvernement de la République présente à la famille éprouvée et aux organisations de défense des droits de l’homme en République Démocratique du Congo, ses condoléances les plus attristées. Il les rassure de sa détermination à renforcer les mesures de sécurité, pour que les activités des organisations de défense des droits de l’homme en République Démocratique du Congo continuent à s’exercer sans aucune entrave. En attendant l’issue des enquêtes ouvertes à ce sujet, le gouvernement en appelle à la vigilance de la population et lui demande de collaborer activement aux enquêtes en cours.» Le ministre de l’Intérieur avait perdu de vue que la «communication de crise» repose sur une règle d’or : la vérité. Toute la vérité.

Jeudi 3 juin. A la surprise des parents et amis réunis au domicile de la famille Chebeya, Joseph Kabila envoie un «message de condoléances» à la veuve. Le porteur dudit messager n’est autre que Pierre Lumbi Okongo, le conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité. Selon des témoins, Lumbi a, à cette occasion, fait part à la veuve la «ferme promesse» de Joseph Kabila de «retrouver et de sanctionner les criminels». Et que «toute la lumière la lumière sera faite à la nation». Ce que Lumbi n’a pas osé dire à son interlocutrice c’est que les investigations sont menées par ses collaborateurs et non par des magistrats du parquet. Le vendredi 4 juin, ce sont des fonctionnaires du CNS (Conseil national de sécurité) qui interrogent des policiers de faction le 1er juin. Certains d’entre eux passent aux aveux en incriminant le colonel Daniel Mukalay. Celui-ci se barricade derrière des instructions lui données par l’inspecteur divisionnaire en chef John Numbi Banza. Qui a fait quoi ?

John Numbi «suspendu»

Samedi 5 juin, Joseph Kabila préside une «réunion extraordinaire» du Conseil supérieur de la défense. Sont présents : le Premier ministre Adolphe Muzito ; le ministre de l’Intérieur et de sécurité Adolphe Lumanu Mulenda Bwana N’sefu ; le monsieur des Affaires étrangères Alexis Thambwe Muamba ; l’Inspecteur divisionnaire en chef de la police nationale John Numbi Banza Tambo ; le chef d’état- major de la Force terrestre, le général major Gabriel Amisi Kumba ; le chef d’état- major de la Force aérienne, le général Major Massamba Mussungu; le chef d’état- major a.i de la Force navale ; le contre- amiral Emmanuel Kyabu Kaniki; le chef d’état- major particulier a.i du président de République, le général de Brigade Célestin Mbala Munsense. Que vient faire tout ce beau monde dans une affaire d’homicide qui est du ressort de l’appareil judiciaire? Parmi les invités à cette rencontre, on note la présence notamment du président de l’Assemblée nationale, du ministre de la Justice, du procureur général de la République, du directeur de cabinet du président de la République, du conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de Sécurité, de l’inspecteur général des FARDC et du commandant de la garde républicaine. Bref, toute la «garde rapprochée» était présente. Un seul point est inscrit à l’ordre du jour, à savoir la communication du chef de l’Etat.

Selon des sources, avant de délibérer, Joseph Kabila a demandé à John Numbi de quitter les lieux de peur qu’il soit juge et partie. Selon des témoins, Numbi a piqué une sainte colère devant une assistance médusée. Il a marmonné en swahili : «Vous ne pouvez rien faire sans moi.» Certains participants de clamer leur indignation devant cette «indiscipline caractérisée». Une décision tombe : l’Inspecteur général de la police nationale doit être suspendu. Au cours de la réunion, Kabila a informé les membres du Conseil de l’enquête judiciaire ouverte à l’office du procureur général la République, en vue de «déterminer les circonstances exactes de cette mort». Dans un compte-rendu, le ministre de l’Intérieur dit notamment que «les premiers éléments d’enquête ont abouti à l’interpellation et à l’arrestation de certains officiers de la Police nationale Congolaise.» Pas un mot sur l’identité des suspects.

Sur ces entrefaites, le ministre de l’Intérieur et sécurité publie l’arrêté n°25/CAB.VPM/ INTERSEC/106/2010 du 5 juin 2010 portant suspension «à titre conservatoire» de l’Inspecteur général de la police nationale. «Est désigné pour exercer, à titre intérimaire, les fonctions d’Inspecteur général de la Police nationale congolaise, l’Inspecteur divisionnaire adjoint Charles Bisengimana.»
Selon des sources, l’annonce de la «suspension» de Numbi aurait suscité quelques tensions dans la police et particulièrement au sein du fameux «Bataillon Simba». La garde prétorienne de Kabila a été mise en alerte et déployée dès les premières heures aux endroits névralgiques de la capitale. D’autres sources font état d’un tract trouvé à l’entrée de la Cité de l’UA sur leque on pouvait lire : «... nous connaissons tout ce que vous faites, mais votre fin est proche».

Commission indépendante d’enquête

Une soixantaine d’associations nationales et internationales de défense des Droits humains ont écrit, début juin, au président de la République d’abord pour dire leur horreur et ensuite d’exiger la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante. «Nous sommes profondément choqués et attristés par le meurtre de notre ami et collègue, Floribert Chebeya Bahizire, l’un des militants des droits humains les plus éminents et courageux de la République démocratique du Congo, écrivent-elles. La condamnation au niveau national et international de cet acte révoltant nous a réconfortés, mais nous estimons qu’il est crucial d’établir immédiatement une commission d’enquête crédible, impartiale et indépendante pour enquêter sur la mort de Floribert Chebeya Bahizire et la disparition de son chauffeur, Fidèle Bazana Edadi. Nous faisons appel à vous pour que vous apportiez les réponses appropriées sur ce sujet crucial.» «Les multiples annonces faites à propos de l’ouverture d’enquêtes par divers services de sécurité, la police et le parquet au cours des dernières 72 heures ne satisfont pas les exigences de crédibilité et d’impartialité nécessaires, ajoutent-elles. Aux vues des graves irrégularités qui ont caractérisé les précédentes enquêtes sur la mort de journalistes et défenseurs de droits humains au Congo, nous ne croyons pas que ces tentatives permettront la découverte de la vérité sur ce qui s’est passé ni qu’elles apporteront la justice pour ce crime révoltant.» Et de conclure : «Les enquêtes bâclées menées par le passé sur la mort de défenseurs des droits humains et de journalistes au Congo ne doivent pas se reproduire. Les enquêtes portant sur le meurtre de Pascal Kabungulu, défenseur des droits humains de Bukavu qui a été abattu en juillet 2005, le meurtre de deux journalistes de Radio Okapi - Serge Maheshe en juin 2007 et Didace Namujimbo en novembre 2008 - ainsi que du journaliste Franck Ngyke et de sa femme Hélène Mpaka tués à Kinshasa en novembre 2005, ont toutes été entachées de graves irrégularités et n’ont pas mené à la justice.»

Rapporteur de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires en RD Congo, Philip Aston d’enfoncer le clou en mettant en cause le gouvernement congolais dans la mort de Chebeya. Pour lui, «il n’y a pas de raison de penser que» les investigations entamées seront «une véritable enquête». Et ce, "particulièrement en raison des circonstances qui laissent penser qu’il est très vraisemblable qu’il y a eu une participation du gouvernement" dans l’affaire.

Offensive diplomatique

Lundi 7 Juin, le ministre des Affaires étrangères Alexis Thambwe convoque les chefs des missions diplomatiques accrédités à Kinshasa. Thambwe doit faire une «communication importante». Il s’agit de la mort de Floribert Chebeya. Dans une sorte de «plaidoirie», le ministre de relever que Chebeya «ne constituait nullement une menace pour la bonne marche des institutions de la République, et que même si tel avait été le cas, cela ne pouvait aucunement justifier la mort de ce compatriote.» Et de poursuivre : «Le procureur général de la République a été instruit pour mener une enquête en profondeur afin de savoir qui a commandité ce meurtre, et qui l’a exécuté car le gouvernement de la République Démocratique du Congo est déterminé à établir toutes les lumières possibles dans cette affaire.» Pour Thambwe, «au stade actuel nul ne peut dire qui est responsable de la mort de Monsieur Floribert Chebeya.» Il confirme néanmoins que «quelques officiers sont aux arrêts et d’autres le seront dans les heures et jours qui suivent.» Le ministre d’insister : «Le procureur général de la République a été, pour sa part, chargé de faire toute la lumière, et toute la lumière sera bel et bien faite.»
On le sait, depuis le 22 juin, le procureur général de la République a cédé le dossier judiciaire ouvert sur l’affaire Chebeya à l’Auditorat militaire. Au motif que les suspects relèveraient de la justice militaire. Mardi 6 juillet, on apprenait que Dolly Ibefo Mbunga, directeur exécutif intérimaire de «La Voix des Sans Voix» a été convoqué à l’auditorat militaire. C’est le flou artistique complet.

Amisi Mugangu, alias «Maike Kilo»

Le 16 juin, des diplomates en poste à Kinshasa reçoivent un courrier électronique. L’expéditeur se présente sous le pseudonyme de «Maike Kilo». Quelle est la teneur de ce message ? «Je suis un commissaire de la Police nationale congolaise du département des renseignements généraux, peut-on lire. Je suis le seul officier qui a échappé à la prison et seul officier qui a assisté et voire participé aux assassinats de deux activistes de Voix des sans Voix Je suis un des proches du colonel Daniel Mukalay. Je lui servais même de chauffeur.

Je suis passé aux aveux de tout ce que nous avions fait durant tout ce temps avec le Colonel Daniel.» «Maike Kilo» de se confesser en énumérant les meurtres, les enlèvements et des cas de tortures. «Une liste de gens à liquider se trouve au Bureau de l’Inspecteur principal, Colonel Daniel Mukalay. Parmi ces gens, nous citons Floribert Chebeya et son chauffeur. Je ne peux pas cacher ça car j’allais me retrouver en prison à ce moment mais Dieu m’a sauvé et c’est John Numbi l’IG lui-même qui m’a payé le billet Brazaville-Kampala via Addis abéba.» Grâce à une source diplomatique, la rédaction de Congoindependant amorce, dès le 17 juin, des contacts avec le commissaire adjoint «Maike Kilo» qui finira, au fil du temps, par donner sa véritable identité : Amisi Mugangu. Rendez-vous est pris pour une interview via le téléphone.

Qui a tué Chebeya ? «Nous étions à cinq le jour de l’assassinat. Le colonel Daniel notre chef direct, un inspecteur adjoint, une commissaire principale et deux autres sous commissaires.» A en croire Amisi, Chebeya devait être abattu le dimanche 23 mai 2010 à 20 heures chez lui. «Nous sommes arrivés chez lui le dimanche la nuit pour l’attendre dans sa rue. Nos sources nous avaient dit que monsieur Floribert n’est pas chez lui et doit venir vers 20 heures alors qu’il était déjà chez lui. L’opération a échoué.» C’est ainsi que le policier évoque ce qui s’est passé par la suite : «Lundi 31 mai, vers 10 heures, l’Inspecteur général lui-même, le général John Numbi a appelé le colonel Daniel dans son bureau, le protocole de l’IG peu en témoigner. Au retour du bureau de l’IG, le colonel nous a réunit, nous les proches. Il nous a dit ceci : sur ordre du général John Numbi et de la hiérarchie vous devez en finir avec le fameux Floribert Chebeya de «La Voix des Sans Voix ». Il a ajouté encore que l’IG attend demain une suite favorable donc du décès de Floribert et que nous effacions les traces.»

Quel a été le modus operandi? «Nous lui avions privé d’oxygène en l’étouffant. Nous avons ensuite attendu que tous les officiers quittent l’Inspection générale pour pouvoir commencer l’opération. Le colonel attendait le départ de l’adjoint de l’IG, le général Charles Bisengimana du bureau pour commencer l’opération. Car le «général Charles» est un élément gênant. C’est seulement après son départ que nous avons commencé l’opération. Un autre groupe opérait à l’extérieur en s’occupant du chauffeur aux environs de 19 heure30 comme ça.

Qui a donné l’ordre d’exécuter Chebeya? «C’est bel et bien John Numbi qui a instruit le «colonel Daniel» d’assassiner Floribert. Et moi je fais parti de ces assassins bien sûr (…), car c’est un service commandé.

Qui a commandité ce crime? "Comme je l’ai dit, l’ordre a été donné par la haute hiérarchie"

Quel en est le mobile? «Pour le Pouvoir et pour l’IG y compris mon chef «colonel Daniel», «Floribert» est un élément dangereux qui faisait voir au monde les «points négatifs» du régime. Floribert est mort à cause des rapports qu’il a remis aux organisations de défense des Droits de l’homme impliquant le Pouvoir.

Qu’en est-il du corps du chauffeur Fidèle Bazana ? «Quant au Chauffeur, son corps a été jeté dans le fleuve vers Kinsuka. Nous avions attaché le corps du chauffeur avec une corde et un gros caillou pour que son corps ne remonte pas »

Dans un communiqué daté 11 juillet 2010, l’association de défense des droits humains «La Voix des Sans Voix» (VSV) fait savoir que les conclusions du rapport d’autopsie pratiquée sur le corps de Floribert Chebeya Bahizire, directeur exécutif de la (VSV), confirme la thèse de l’assassinat. De même, John Numbi Banza Tambo, Inspecteur divisionnaire en chef de la police nationale reste le premier suspect. Aussi, la «VSV» exige-t-elle l’«arrestation immédiate» du numéro un de la police nationale. L’association réitère son exigence de la mise sur pieds d’une enquête indépendante afin de faire toute la lumière sur les circonstances exactes de la mort de ce valeureux défenseur des droits de l’Homme. L’association demande aux autorités congolaises d’éclairer l’opinion sur le sort réservé à Fidèle Bazana Edadi.

Il faut dire que le rapport d’autopsie semble confirmer les déclarations du commissaire adjoint Amisi Mugangu, à savoir que Chebeya a été torturé.

Les mobiles

Contrairement aux propos tenus par le ministre Thambwe devant les représentants du corps diplomatique à savoir notamment que Chebeya «ne constituait nullement une menace pour la bonne marche des institutions de la République», il apparaît que par son audace et son sérieux, ce défenseur des droits humains était devenu une sorte de «poil à gratter» pour le pouvoir kabiliste. Quelques exemples.

En février 2007, la « VSV » publie un communiqué intitulé : «Des Congolais arrêtés, détenus et portés disparus par les services de sécurité dépendant du chef de l’Etat». L’association dénonce dans la foulée «la politique des détentions illégales et d’arrestations arbitraires». «Plusieurs personnes se trouvent ainsi détenues non seulement dans l’ex-Prison centrale de Makala mais aussi dans des cachots de la Direction des renseignements généraux et services spéciaux de la police (DGRS) – dont le siège se trouve à l’immeuble Kin-Mazière.

Le 15 mars 2009, sous la coordination de Floribert Chebeya, plusieurs organisations de défense des droits humains préparaient un sit-in devant le Palais du peuple en protestation de la décision de Joseph Kabila de faire démissionner le Bureau de l’Assemblée nationale. Et ce suite, aux déclarations de Vital Kamerhe, alors président de l’Assemblée nationale, après l’entrée des troupes rwandaises sur le sol congolais dans le cadre de l’opération «Umoja Wetu». Depuis cet épisode, «Floribert» a été considéré comme un «partisan» à Kamerhe. Alors que le défenseur des droits humains et ses camarades voulaient se porter au secours de la «jeune démocratie» congolaise et surtout pour préserver le principe de séparation des pouvoirs.

A l’occasion de la commémoration du neuvième anniversaire de l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila, le 16 janvier dernier, la «VSV» a publié un communiqué demandant au gouvernement la réouverture du procès relatif à ce crime «en poursuivant les enquêtes pouvant déboucher sur un procès véritablement juste et équitable où comparaîtront les coupables, commanditaires et exécutants.»

Le 29 avril, le directeur exécutif de la «VSV» a invité les députés nationaux et les sénateurs «à accélérer la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en remplacement de la CEI» (Commission électorale indépendante), institution d’appui à la démocratie dirigée par l’abbé Apollinaire Malu Malu. " C’est anormal qu’on continue à renforcer aujourd’hui la défunte CEI, au détriment de la loi qui devait être votée rapidement pour la mise sur pied de la CENI ", déclarait-il. Pour Chebeya, " la CEI a été, à outrance, instrumentalisée lors des élections de 2006 " qu’il a qualifié de " galvaudées ". Signalons enfin la volonté exprimée par Chebeya de déférer certains responsables impliqués dans les massacres survenus en 2007 et 2008 des adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo. Il s’agit de l’ancien ministre de l’Intérieur Denis Kalume Numbi, de l’inspecteur divisionnaire en chef de la police nationale John Numbi Banza et de l’inspecteur provincial de la police au Bas-Congo, Raüs Chalwe Mukuntu Ngwashi.

Au moment de boucler ce «papier», on apprenait que «Floribert» enquêtait sur un meurtre survenu dans la commune de Kinshasa. Un certain «major Tony» de la "Brigade canine" de la police nationale était dans le collimateur du regretté militant des droits humains. Cet officier de police serait un «parent par alliance» à John Numbi…

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